De la Responsabilité...

De la Responsabilité...





LA RESPONSABILITÉ


Par le F PL


J'aurais pu intituler ce travail « mystères et symbolisme de la responsabilité », mais vous vous doutez bien que, de toute façon, je ne vais pas entrer dans les méandres et erreurs de l'acception, des acceptions différentes, complémentaires et/ou contradictoires actuelles du terme même.

De l'ex plus jeune premier ministre de France, Laurent Fabius (et son « responsable mais pas coupable », nous y reviendrons) à l'eschatologie politico écologique menant au fameux « principe de responsabilité » (fourre tout déguisé en Auberge espagnole), il n'y a pas d'expression plus moderne, plus présente et plus galvaudée que la responsabilité.

Je ne m'y attarderais donc pas plus avant, (sauf pour la démonstration), en indiquant simplement et pour le moment ce que n'est pas la responsabilité, le mélange des genres conduisant toujours à la plus extrême confusion. La responsabilité n'est ni l'ensemble des valeurs d'une civilisation, ni le Devoir, ni le Droit, ni le Respect, ni l'Ordre, ni le Pouvoir, même si tout ou partie de ces notions peuvent être corollairement consubstancielles à l'approche de la Responsabilité.

Vous le savez tous ici mes B A F, vous qui, (et ce n'est qu'un exemple), dès le passage sous le bandeau, devez répondre à la question de vos devoirs envers vous même, vos proches et l'humanité, avant tout autre chose, sans rapport à une quelconque responsabilité.

Je n'aborderais également que fort peu les différentes définitions philosophiques de la responsabilité, celles-ci étant par trop fluctuantes selon l'espace, le temps, la civilisation donnée (donc et dont la morale subjective), ainsi que les choix et options particulières et prédéterminées dudit philosophe, déraciné de la Loi Naturelle à force de s'enraciner dans une logique présente d'explication de texte, de tentative d'explication de texte, ou le sociologique prend le pas sur le philosophique. N'oublions pas que le glissement philosophique précède toujours le glissement sémantique, glissement que je dénonce régulièrement (au plan sacré et symbolique, le niveau profane relevant du simple pragmatisme de la vie sociétale courante), et pour cause, car si nous prétendons, si nous désirons tenter de remonter à la source, nous devons, au préalable et pour toute expression donnée, prendre nos références (références sérieuses s'entend) à la racine même, tout du moins à la définition dont nous disposons au présent la plus proche de la source, donc la plus éloignée de nous. Partir sur des bases douteuses, branlantes voire fausses ne peut que nous conduire à l'erreur, à la chute...

Pour une fois je ne commencerais pas l'approche de la responsabilité par la sémantique ou l'etymologie, mais par la phonétique. N'est-il pas frappant mes B A F, que la simple prononciation donne immédiatement une définition toute actuelle du terme. Responsabilité sonne et résonne instinctivement comme « habilité de la réponse », donc capacité de répondre, suggérant automatiquement et quasi obligatoirement, à la fois que la responsabilité sous tendrait forcément un ensemble de valeurs, de règles morales ou non, de comportement, d'obligations, donc de choix civilisationnels très précis, dont tout individu serait jugé apte à en comprendre et à en apréhender l'ensemble, ce par le substrat majoritaire de sa communauté, de l'univers auquel il appartient, mais aussi et surtout que, partant de ce jugement, l'individu en question devrait répondre d'un acte (j'ai bien dit d'un acte), et pas d'autre chose, puisque la capacité de répondre, dans sa définition même, ne saurait relever ni du monde intellectuel, ni du monde spirituel. Autrement, cela relève du domaine sectaire, sans intérêt ici car sans aucune légitimité. Un religieux en entrant dans son Ordre ou un Maçon entrant dans l'Ordre sait ce qu'il fait. On ne va pas par la suite et s'il a fauté, juger ou même prétendre juger de sa capacité à répondre. Sinon, c'est que l'erreur en amont aura été si gigantesque qu'elle en devient une faute grave, grotesque, comique ou dramatique. Cet exemple étant bien évidemment l'annecdote, l'exception confirmant toujours la règle. Il répondra donc, point ! Et de quoi ? D'un acte ? Ni obligatoirement ni surtoutpremièrement...

Je vous demande de retenir cela quand je vais aborder la définition première de la responsabilité. Mais auparavant je me dois de conclure cet aspect phonétique de la question tant il est symbolique. J'ai fait bien évidemment mention, comme souvent et comme il le faut, de la dérive sémantique que l'on constate incessamment. Or, l'un des plus fameux et des plus flagrants exemples de cette dérive concerne le mot « Révolution ». Je pense que vous savez tous ici que « Révolution » (Revolutionis) signifie très exactement « retour d'un astre à son point de départ ». La Révolution est donc synonyme de stabilité, d'ordre des choses, d'équilibre naturel ainsi que d'éternel recommencement. De l'origine latine jusqu'au 17ème siècle, la révolution n'a que cette seule, unique et universelle définition et les idéologues ou théologiens qui désirent renverser un ordre quelconque établi s'appelent des réformateurs. Au 17ème siècle, Montesquieu, le premier, parle de révolution en tant que remplacement par la force, la violence et/ou le chaos d'un état de fait par un autre, d'un régime par un autre. Or, c'est la phonétique qui est en grande partie responsable de cela, par le simple fait qu'on a entendu « révolution » par « ordre REVOLU » remplacé par un nouvel ordre, ou comme (et toujours à tort) « ré - évolution ». D'ailleurs, quand le terme « évolution » a cessé profanement de signifier tout simplement le déplacement sur un plan quelconque, le fait d'évoluer, (que l'on trouve encore dans la danse ou le sport d'ailleurs), pour contenir une dimension « progressiste » et « constructiviste », les cherchants tenants de la Tradition ont commencé à utiliser le terme « d'Involution » pour souligner le facteur risque, le fait que l'évolution n'avait pas qu'une seule dimension, (donc NON au sens de l'histoire profane), mais que l'erreur, la potentialité de la chute, comme nous le constatons tous les jours, était bel et bien omniprésente. La phonétique est un outil secondaire qui, mal maîtrisé, peut engendrer les plus grandes confusions chez les cherchants, dans les esprits, les affects et les intellects. A noter que « ré - évolution » est l'expression utilisée par les tenants (dépossédés) de la définition d'origine. Décidement, on tourne en rond...

La définition originelle de la responsabilité permet presque directement d'en saisir l'intégralité de la substance, dans le concret comme dans son ampleur.

Responsabilité vient du latin. Il procède de « respondere » et de « spensio », à savoir « répondre » et « promesse », donc « répondre de ses promesses ». A noter que « promesse » se dit également en latin « votum », le vote, cette promesse là ayant un caractére sacré car faite devant Dieu (les forces divines). On trouve d'ailleurs encore trace de ce vocable chez nous en Provence, à travers les fêtes votives, fêtes données pour commémorer une promesse faites sous Dieu, cette fête gardant ce caractère éminemment sacré à travers le patronage. Vous constaterez avec moi que de nos jours le vote a perdu toute trace de son passé pour ne plus receler aucune promesse mais seulement l'espoir que l'élu des suffrages respectera les siennes.

Très concrètement, on peut ainsi découvrir que la responsabilité fait immédiatement suite au serment. La promesse est en effet un engagement qu'on prend après mure reflexion, et il reste des manifestations actuelles de cette réalité qui peuvent jalonner les parcours individuels, comme l'engagement scout, la promesse de mariage et bien évidemment, ce qui peut et doit nous préoccuper au premier chef, le serment maçonnique.

J'avais déjà abordé par le passé le caractère sacré du serment en général et du serment maçonnique en particulier. Pour être sincère, je ne m'attendais pas autant que cela à retrouver le serment à travers le prisme de la responsabilité. Je m'attendais à me situer plus sur le plan philosophique, même si je songeais avant tout à bel et bien étudier la symbolique de la responsabilité. Un intellectuel a le droit, le pouvoir disons de plier la réalité à sa volonté, tandis que le cherchant sincère a le devoir de se soumettre à cette même réalité.

Ainsi, l'on peut constater que la responsabilité, au plan sacré et donc surtout, ici, au plan maçonnique, ne peut que se définir comme le fait de répondre de ses promesses. C'est à dire non pas d'être capable d'en répondre (j'ai déjà mis fin à cet aspect), ni de devoir en répondre obligatoirement et premièrement (comme indiqué auparavant, ce qui présuposerait un acte), puisque la responsabilité ne peut ni se situer au même niveau ni se confondre avec le degré de jugement puis celui de culpabilité éventuelle. La responsabilité doit donc d'abord être considéré par nous comme un état. Nous sommes responsables si nous sommes dans un état, état à la fois spirituel et comportemental, de respecter les engagements contractés au moment du Serment ainsi que l'ensemble des valeurs qui nous lient à ce Serment.

L'engagement appartient à l'impétrant, le jugement (si faute il y a) appartient à ses pairs. Mais à qui appartient la responsabilité ? Cet état, appelons-le si vous voulez bien cet état de grâce, appartient à l'individu, au Frère, à son être intérieur, en propre et de façon indélébile, mais ce n'est là qu'une résultante, un fait brut, une conséquence. Quels peuvent donc en être les causes ? Quel est donc cet alchimie, cette fusion entre la pierre brut (et forcément son potentiel personnel), sa renaissance, son parcours et ses acquis dans la vie sacrée, qui vont conduire à le mettre en état de responsabilité, c'est à dire en état (état permanent j'insiste) de pouvoir répondre de ses promesses et d'être ainsi dans un équilibre sain comme indispensable pour avancer.

Sous le couvert des fondamentaux (respect du serment et des valeurs maçonniques en général et de cette loge en particulier), ce sont les différentes interconnections entre les individus, les Frères, les officiers qui vont jouer un rôle majeur dans l'établissement et le maintien de cet état de responsabilité.

Je vais sortir du cadre et m'impliquer, nous impliquer un peu plus en évoquant cette Loge que j'aime particulièrement et que nous aimons tous. Ici, chez nous, à notre Rite, grâce à nos anciens, grâce à notre V M qui a su plus qu'apporter sa pierre à l'édifice, je dirais même marquer ce rite de son emprunte, de sa griffe, et grâce à ceux qui suivront, nous fonctionnons, nous travaillons, nous essayons de progresser sur la base de quatre principes : Etant à la fois une Loge maçonnique traditionnelle, militaire, symbolique et christique, ces principes ne peuvent se diviser et le non respect de ceux-ci entraine obligatoirement vers le bas, vers la chute, toujours ce risque inhérent de chute qui doit nous rappeler à l'ordre. Le premier de ces principes est celui d'autorité, avec la discipline en corrolaire. Le pouvoir est en effet chez nous « ad vitam », organique et pyramidale. Le deuxième est la sagesse, savoir raison garder en toute circonstance et en toute chose. Le troisième est la croyance, oui bien évidemment la croyance, croyance et foi en le « Très Grand Seigneur Dieu, Grand Architecte Des Mondes » que nous évoquons lors de la chaîne d'Union. Cette croyance n'est pas dogmatique mais elle n'est pas non plus un « melting pot new age ». Elle est axée sur le Décalogue et l'enseignement christique. Enfin, le quatrième c'est l'ouverture, la tolérance ou la tempérance si vous voulez, unique moteur permettant l'évolution ascendante via l'Egregore, car ce moteur là carbure (j'ai gardé le meilleur pour la fin) avec ce que nous pouvons à la fois produire comme exiger de mieux, de meilleur, de plus pur en nous : L'Amour ! Cet Amour fraternel qui transcende nos coeurs et vertèbrent nos actions. Cet Amour qui nous differencie tant des autres formes d'initiation qui peuvent exister à travers le monde et qui fonde notre originalité, notre devoir, notre choix...

Alors oui, être responsable c'est aussi tout cela, et nous avons ici dans le Temple, dans la Loge, quantité de manifestations de cette symbolique de la responsabilité. Les deux triangles formés par les six officiers et formant notre hexagramme renvoie à cette symbolique. Le V M est lui en état de responsabilité permanente, car il est l'incarnation du principe d'autorité, le « média » au sens d'émetteur-récepteur puisqu'il réceptionne les questions, doutes, aspirations et interrogations avant d'émettre les réponses, il est le gardien du Temple et de la Lumière. Ses deux vis à vis sont les deux Frères surveillants qui sont chargés d'assister le V M, de mettre les ouvriers à l'oeuvre et de payer leur salaire. Le premier est en charge des Compagnons en plus de seconder le VM, et le second est en charge des apprentis en plus de seconder le premier. Le Frère Terrible est en charge des portes du Temple, donc protecteur de l'Egregore, tandis que les deux officiers de l'Orient sont l'un gardien de l'histoire et l'autre gardien de la Loi. Et si nous les avions, les trois autres officiers agiraient comme des garants, le Frère Elimosinaire étant garant de l'intégrité financière, le Frère Tuileur garant de l'intégrité maçonnique et le Maître d'Harmonie garant de l'intégrité musicale (cette muse égrégorienne) de nos travaux. OUI, toutes nos règles, tout notre mode de fonctionnnement, y compris bien sur dans les structures géométriques, tous les symboles, du Pavé Mosaïque aux Lacs d'Amour, tout inspire, tout respire, tout amène ou plutôt doit amener l'Egregore le plus élévateur, seul à même d'assurer au mieux la perennité de l'état de responsabilité dans laquelle doivent se trouver les Frères.

Mais je viens de dire « doit amener » donc ça n'est pas tout. En effet, les rapports humains ont, dans le monde profane, des arcanes en forme de lignes pas toujours bien droites, c'est le moins qu'on puisse en dire, d'où la chaîne brisée. Dans le monde sacré et donc dans le monde maçonnique, nous essayons de remonter cette chaîne, et pour ce faire, nous veillons bien évidemment et au premier chef à consolider la nôtre en évitant soigneusement et impérativement de la briser. Notre chaîne intérieure s'ouvre en permanence en ses extrémités avant de se renfermer dans les liens de l'amour fraternel. A la base, c'est le nouvel apprenti introduit par son parrain, et au sommet c'est le V M qui, un jour, confiera dans le secret de LA cérémonie transcendante, le maillet à celui qui lui succédera. Certes le nouveau V M fera déjà partie des meubles si je puis m'exprimer ainsi, mais je parle avec raison de ces deux cas d'ouvertures de la chaîne aux extrémités de celle-ci, car de même que l'apprenti ne s'appartient plus profanement parlant pour entrer dans l'Egregore, pour participer de cet être ethéré, le nouveau V M sortira de sa condition pour ne plus s'appartenir non plus, devenant lui le guide de cet Egregore, sur la chaire de Salomon, avec l'ensemble « des pouvoirs qui lui ont été conférés et des devoirs qui lui incombent »...

A trravers l'étude de la symbolique de la responsablité sur ce seul exemple, on voit bien, (et vous me pardonnerez cette expression empruntée à Jacques Soustelle et que je sors évidemment de son contexte), oui nous voyons bien là l'indépendance dans l'interdependance. Dans chacun des cas, les deux parties sont libres, l'une de proposer, l'autre d'accepter ou de refuser, mais après elles sont liées par cette promesse au contenu multiple, ce en aller retour quasi perpétuel, ce Serment dont j'avais déjà expliqué qu'il engageait bien plus qu'il n'y parraissait. Le parrain a le devoir de bien choisir son ou ses filleuls, comme le Vénérable a le devoir de bien choisir son successeur. Le parrain devra veiller sur ses filleuls, à leur élévation graduelle et bénéfique dans le monde sacrée, comme le devenu Passé Maître devra veiller sur son successeur et l'aider du mieux possible. A l'inverse, les filleuls doivent respecter la préséance comme la hiérarchie et écouter leurs parrains, avant de devenir ce qu'ils doivent être au plan sacré et maçonnique, tandis que le nouveau V M aura l'immense tâche de ne pas décevoir en ses obligations très lourdes, de préserver l'héritage, avant d'apporter sa pierre, son joyau à l'édifice commun et lui aussi d'apposer sa griffe, non pas une originalité vulgaire et profane, mais la marque de sa personnalité.

Voilà bien là deux exemples incarnés de ce que peut être la symbolique de la responsabilité en Loge, et je le dis d'autant plus facilement que pour le moment je n'ai point de filleul. Car dans ces deux exemples, il y a la notion de risque. Certes, celle-ci est infime, surtout chez nous je le pense, mais le risque d'erreur existe et on peut, on doit comprendre l'hésitation, mais dans tous les cas saluer l'action, car sans action point de salut... Inaction à la base, la source se tarit, inaction au sommet, la source se coupe et se fane, dans les deux cas l'Egrégore se meurt. Voilà pourquoi l'action finit toujours par l'emporter sur la reflexion, même si celle-ci est prédominante. Etrange mystère mais concrète réalité ! Ces instants magiques ou l'impétrant et son parrain entrent à deux dans l'état de responsabilité, dans cet état de force leur permettant de répondre de leur promesses respectives, ce moment unique ou le nouveau V M se verra confier le principe d'autorité même, donc celui d'état de responsabilité pure, ces moments qui font que la chaîne grandit en se renforçant, tout cela doit être préservé et presque jalousement protégé, car il est bien là notre Trésor des Templiers...

Quelques lignes de Charles Maurice Sainte Beuve écrivant sur l'enfance (mais vous en comprendrez la substance subliminale) pour illustrer le propos.

« Il s' agit donc, sans laisser s' interrompre l' innocence baptismale, de continuer dans l' enfant, dès l' âge commençant de raison, dans l' enfant encore infirme et déjà responsable (effrayant mystère), cet état de pureté qui devient une lutte contre la nature, une vertu déjà ; il s' agit de donner au chrétien de baptême les raisons graduelles et la conscience de plus en plus affermie de sa grâce, de lui en apprendre la possession et la direction sous le bon vouloir de Dieu, d' édifier en lui tout l'être raisonnable jusqu'à sa pleine force adulte : voilà l' éducation. Elle a, pour parler comme Saint-Cyran, quelque chose de terrible , à la considérer, soit par rapport à l'enfant si enchaîné de toutes parts, si assujetti, si à la merci de tout ce qui l'environne, et pourtant déjà propre à perdre tout l'effet du baptême par des fautes criminelles ; soit par rapport aux maîtres sur qui se rassemble ce mystère de la responsabilité de l'enfant, pour éclater sur leurs têtes avec justice s'ils ne font tout ce qui est en eux. Et l'on conçoit que Saint-Cyran ait dit de cette charge, de cette vocation de maître, qu' elle était une tempête de l' esprit . Qu' on veuille y réfléchir, c' est là l'idée véritable de l' enfance , telle qu' elle résulte du dogme approfondi de la chute. Mais, tout en croyant à la chute en théorie, on a d'ordinaire agi dans l' éducation comme si l' on n' y croyait pas, et comme s' il n' y avait qu' à aider la nature. Les trois quarts des chrétiens sont pélagiens en fait d'éducation et n'ont guère la notion de ce que représente la responsabilité à ce niveau ».

Au-delà de cette approche éducationnelle et pédagogique de la responsabilité, être « responsable », être dans l'état de responsabilité, on le voit, c'est être habité par ces deux notions que sont la fonction et la création. La fonction étant le soi, son être, ses promesses et la création étant à la fois le respect de ses promesses et ce que nous amenons personnellement, ce que nous donnons de nous pour que cet état perdure en nous et chez les autres, chez nos Frères en particulier.

J'avais commencé cet exposé en vous indiquant que les définitions profanes, philosophiques et dogmatiques ne m'interressaient pas plus que cela. Je vais néanmoins en toucher un mot avant de revenir à l'essentiel et aux interrogations qui m'habite, car pour moi ces définitions, malgré un vernis d'apparence lié au sujet, sont toutes douteuses et sujettes à caution. J'avais déjà eu l'occasion d'en discutter lorsque j'étais étudiant, au sein d'un club philosophique auquel j'appartenais, et, devant mon étonnement, lorsque je stigmatisais le côté absurde de ces mensonges, du moins de ces non sens, on me rétorquait que c'était un socle, un passage obligé, de pieuses erreurs, le plus petit dénominateur commun avec ses approximations (pour le moins), car la vraie responsabilité ne pouvait être que réserver à une élite, surtout dans un monde démocratique mais avant tout productiviste. J'avais trouvé le procédé quelque peu troublant, car participant au contraire à la déresponsabilisation des citoyens. On m'avait répondu par l'exemple de l'école élémentaire, ou l'on apprend que le bon Roi Saint Louis rendait la justice sous un chêne, avant d'aller constater quelques années plus tard que le bon Roi n'était pas si bon et que les chênes servaient avant tout à pendre.

A l'exception de l'enfance ou l'innocence doit règner pour la stabilité et le bien de la personne future, je ne crois pas et ne croirais jamais à cette pédagogie de l'escalier ou chaque planche précédente se dérobe et ou la suivante est de plus en plus savonneuse.

Passons sur la responsabilité collective, véritable abomination. De l'Ancien Testament (« moi Yahvé, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux qui punis la faute des pères sur les enfants, les petits-enfants et les arrière-petits-enfants pour ceux qui me haïssent. » [Exode, 20, 5]), aux Allemands tous responsables des crimes de leurs grands parents, en passant par les juifs tous déicides, les russes tous responsables du goulag, les cathares évidemment et tant d'autres multiples exemples, la responsabilité collective a été elle même responsables de tant et tant de massacres ou simplement de haines, ferment comme promesse de nouveaux massacres. Fort heureusement et dans nos sociétés occidentales, elle a quasiment disparu et elle ne subsiste plus que dans certaines écoles, le sport collectif et l'armée, mais pour des raisons louables de saine émulation.

Mais quid de la responsabilité dite individuelle ?

Au départ, elle appartient à la Doxa, qui se mélange à l'opinion publique et politique. L'opinion est l'expression d'un examen, réputé libre, puis d'un choix. Par conséquent, dans une situation idéale, elle institue le sujet en acteur politique éclairé, conscient, et en mesure de prendre une décision parmi toutes celles qui s'offrent à lui et dont il a examiné les tenants et les aboutissants.

L'opinion fonde, en ce sens, une activité politique qui individualise le sujet en un acteur singulier, conscient, et, par conséquent, responsable de ses choix, qu'il accomplit en toute autonomie, en toute indépendance. L'opinion constitue, en quelque sorte, la part symbolique de l'identité politique dont se soutient le sujet en situation d'acteur de l'espace public. Cette articulation entre opinion et identité est importante, car c'est elle qui va fonder, dans l'histoire, la liberté (Les Libertés) comme condition majeure de la responsabilité, et qui, par conséquent, va faire d'elle la caractéristique des régimes politiques rationnels. Ajoutons que la communication moderne renforce totalement ce principe.

Or, dans le concret de la réalité, du vécu des citoyens, des quidams, c'est totalement faux et on n'attache plus aucune importance au binôme « libertés - responsabilité ».

Je mentionnais plus haut Laurent Fabius et son fameux « responsable mais pas coupable », (jouant sur les mots, surfant sur le vide du présent et oubliant que la culpabilité est une résultante active et participative de l'absence, de l'ommission ou de carrence de responsabilité), mais la réalité est encore parfois bien pire que cela puisqu'elle se traduit par « coupables mais irresponsables » dans les faits. On déclare les individus responsables automatiquement (légalement et unilatéralement s'entend), on les y oblige même (voir l'obligation de contracter une responsabilité civile), mais, dans les faits, de l'éducation de leurs enfants à leur travail en passant par leur vie quotidienne, tout est organisé pour que l'assistanat règne en maître et que les citoyens soient totalement déresponsabilisés, presque décérébrés. Résultat, les libertés régressent naturellement puisque l'indispensable couvert de la responsabilité disparaît ou tend à disparaître. Une éthique de la responsabilité ne saurait donc exister qu'en commençant par un constat du dévoiement de la rationalité européenne et d'une « dialectique de la raison » posant comme base nouvelle, du moins dans sa forme moderne réactualisée, le binôme « libertés - responsabilité » comme socle à la fois politique et sociétale. Autrement, le balancier alternant « permissivité / diminuation voire fin de la responsabilité » (exemple mai 68) et « répression réactionnaire / diminution voire fin des libertés » se poursuivra sans que l'on avance beaucoup dans le domaine civilisationnel. L'un ne saurait aller sans l'autre...Deux éléments à ajouter à cela. Les extrêmes se rejoignant et s'annulant parfois, je ne vois guère de libertés dans la permissivité et guère de responsabilité dans la réaction. Mais ceci est un autre débat. Enfin, si la responsabilité existe en tant que tel, la liberté au singulier je ne l'ai jamais rencontré, on a même massacré en son nom, c'est pour cela que je préfère parler de libertés au pluriel, au moins elle sont concrètes.

Je parlais tout à l'heure de Doxa, mais, dès le début, dès la philosophie politique grecque de l'Antiquité, telle, en particulier, qu'elle nous est livrée par les orateurs classiques, puis par Platon, puis par Aristote, il conviendra de distinguer deux régimes, deux formes distinctes de l'opinion, l'opinion active, assumée, pour ainsi dire militante, qui instituera les sujets en acteurs conscients de leurs actes et de leurs choix politiques, et l'autre, la doxa, opinion passive, non assumée, qui définit des pratiques politiques que l'on pourrait dire irresponsables, puisqu'elles ne se fondent pas sur la responsabilité assumée d'un acteur conscient de ses choix. C'est sur la base de cette distinction que se pose la question de l'opinion dans la communication politique : ou bien l'opinion institue pleinement un acteur politique, parce qu'elle résulte du libre examen et d'une décision fondée sur le libre usage de sa raison, ou elle dirige des masses indistinctes, confuses, sans culture, qui ne sont pas en mesure de soumettre leurs idées à leur raison. C'est bien cela le dualisme, la problématique, le coeur du sujet actuelle du moins dans un cadre profane, celui ou dans un manuel de philosophie pour terminales, on peut affirmer sans honte ni rire que « la responsabilité est l'obligation de répondre de ses actes ». Avec de telles énormités, des inepties conduisant obligatoirement à la néfaste confusion des genres, j'ai bien peur que l'on ne soit pas tout à fait sur la bonne voie. Le pragmatisme ne saurait être une excuse, car sainement pratiqué il est le chemin le plus simple, le plus direct et le plus sage vers un objectif déterminé, mais appliqué faussement pour « montrer le chemin » avec une forme de paternalisme autoritaire, sur ordre, sur injonction parfois même subliminale sans en expliquer le fondement, la réalité ni même la vérité, c'est ouvrir une boite de Pandore dans un monde qui au contraire ne veut pas moins que devenir démocratiquement adulte, donc libre et responsable.

L'individu d'ailleurs (et en son fort intérieur) contredit les normes actuelles, car le fautif, s'il peut toujours mentir ou se trouver de très bonnes excuses, y compris vis à vis de lui même, confronter à la seule réalité, il s'inclinera car il saura, redevenant, même dans la fuite honteuse, responsable de son irresponsabilité. Nous en avons ici même des exemples hautement symboliques au travers de frères ayant été sommé de venir s'expliquer et qui ne sont jamais venus (et pour cause CQFD) alors qu'il fanfaronnaient jusque dans le Temple avant d'être rattraper par la responsabilité.

Un proverbe Africain affirme que pour monter au cocotier il faut avoir le caleçon propre, mais être propre par rapport à qui ? C'est une hiérarchie ternaire éternelle : Soi même, les autres et l'au-delà !

Je ne veux pas occuper tout le temps de cette tenue par d'inutiles pensées et citations sur le sujet, vous les trouverez dans les meilleures librairies voire sur la toile virtuelle d'Internet. Je pense qu'il est bon, au contraire, de profiter du sujet pour le commenter. Mais auparavant, j'aimerais tout de même tenter d'aller un tout petit peu plus loin, dans l'approche comme dans les interrogations symboliques, maintenant que j'ai surtout défini ce que n'était pas tout à fait la responsabilité, ce qu'elle recouvrait à l'origine et comment je l'envisageais chez nous, comme dans notre approche potentielle de la projection que nous pouvons donner de nos valeurs dans le monde profane.

Je pense que pour traiter de la symbolique de la responsabilité il faut aussi connaitre et approcher le sens de la responsabilité au travers de ce que représente l'idée du symbole.

D'entrée, c'est pour nous un code, une traduction, disons une sorte de science suggestive, subjective (au départ) et intuitive où la donne de la vision par le sentiment se confond avec celle de sa raison, ainsi que les fondements de sa propre connaissance, puis bien sur et par évolution, avec son histoire, ses racines, nos racines.

La symbolique s'établit par l'idée de l'abstrait. Elle place l'individu dans le bain de sa culture, de son éthique, de ses expériences, de l'ensemble de ses mystères, de la répartition de ses idées analogues et contraires, de ses idéologies, de son dédoublement intellectuel pour analyser les polarités de ce qui semble « sensé » pour en extraire la quintessence d'un langage sans normes ni lexiques que son intelligence sensible. Or, pour déterminer à travers un grimoire abstrait et perpétuellement approximatif la notion de responsabilité, je pense qu'il nous faut trouver pourquoi nous cherchons un sens dans le processus de chacun de nos actes. Là, nous pourrons alors dire que nous sommes allés un tout petit peu plus loin...

En effet, lorsque l'on pense on cherche une utilité finalement. Lorsque l'on rit on cherche à communiquer, même inconsciemment, lorsqu'on se tait on cherche le vide un lieu où cogiter, l'oubli du sens ... mais cette action là aussi est présente (puisque « oublier » est dejà un acte, un verbe) et donc, nous nous transposons dans un schéma ontologique où l'individu n'étant jamais divisé de lui, œuvre avec sa conscience à la mesure des intentions, de l'éventualité de ses actions, au poids de ses pensées qui par la symbolique, (par la traduction, l'inscription dans la réalité), prendra une forme et un sens peut être même complètement dérivé voire altéré, parce qu'il s'inclue et se comprend dans un environnement et un univers où d'autres symboliques et d'autres responsabilités s'affrontent et s'entremêlent depuis la nuit des temps.

La responsabilité fait appel à l'individualité, à l'autonomie, à l'opinion, à la tendance de PERSONNALISER l'individuel et de l'intégrer dans le communautaire, avec cependant un attrait et un respect de la personnalité de l'autre et de son expression individuelle.

Car enfin, il s'agit bien de celà, d'expression, de forme de liberté(s) consécutive à un choix dans le questionnement qui unit, afin de positionner sa conscience et l'expression de son être avant d'impliquer la mesure d'un sens, d'une décision de réaction et/ou d'action face à l'autre mais choisie arbitrairement !

On envisage ainsi, et je ne m'en départirais jamais, à quel point l'échange est l'axe de la responsabilité. Elle incorpore le dialogue de soi à soi et celui de soi à l'autre. Ce qu'il y a entre va nuancer ou empêcher le SENS premier dans lequel les deux intervenants souhaite ancrer l'ORIENTATION de leur engagements intellectuel, affectif, culturel, religieux....tous les paramètres pris en comptent dans un but précis : « choquer, provoquer, confirmer, nier, interloquer, destabiliser, approuver », le tout formant l'entrechoc intellectuel et spirituel avant tout humain, uniquement humain.

En somme, la symbolique de la responsabilité n'exclue tout de même pas la POTENTIALITE et le POUVOIR sur le sens et l'impact de soi sur l'autre. c'est avoir conscience que nous sommes responsables également de la hauteur comme de la médiocrité de nos comportement oraux et gestuels. La notion de responsabilité intègre l'existentialisme, le positionnement dans l'espace et le temps de l'homme dans la communication et les moyens de procéder à la relation en cherchant cette utilité, cette quête de non sens. Il s'y trouve en fondant le rapport qu'il a face aux autres,en cherchant une réciprocité, une conviction intelligible, l'incarnation d'une part de lui dans le concept d'une valeur établie EN ACCORD (consensus), avec son « intégrité pensée » et ce que le monde extérieur attend de son intégrité sociale, morale, populaire, juridique, économique, politique, le tout dans un univers où les règles et l'échelle des valeurs varient incessement...

Etre responsable n'est pas de tout repos. Cela nous transpose dans un conflit intérieur, nous amène auprès de l'idée de la possibilité et de la manière de PRESENTER avec un sens caché voire même personnel le signe distinctif de son opinion.

On peut y rencontrer l'opposition, l 'affirmation, la certitude, la lacheté, l'abdication, la neutralité de ses opinions, et même le courage héroïque, jusqu'à ce que le processus de la quête de « signifiant » nous démontre que chaque responsabilité finit par être relative.

En constante guerre avec la « doxa » (et en équilibre dans la « sofia » pour ce qui nous concerne plus particulièrement), cloué dans un changement, dans la possibilité et le risque de s'éloigner de ses conceptions, de ses visions, où le danger d'altérer ce qu'on croit et ce pour quoi l'on à travailler dans la structure de sa pensée, elle se cantonne dans un avis particulier et nous projette dans la concrétisation de son parti pris, de la conviction et de l'engagement de son opinion, de sa faculté à transcrire une approche mesurée, « cohérente » et « juste », dans une dimension UNIVERSELLE.

La symbolique de la responsabilité c'est hypothétiquement, (je le (re)précise car je ne détiens aucune vérité en la matière), une réponse au vide de l'existence : le désir de paramétrer le monde et que chacun s'y sente dans un « ordre », un sens de bien faire et de bien penser en tenant compte du besoin de cohérence pour l'autre, de la situation, mais également d'y trouver un dédouanement face à l'autorité de sa raison et de l'autorité public.

Coexistence des équilibres sociaux et individuels, maintient du rapport et de l'égalité entre le « solitaire et le solidaire », l'envie d'affilier son centre avec celui des autres dans une notion de devoir communs aboutissant à une autre forme de liberté supposée, l'idée implicite que l'on est redevable à autrui de sa propre dépendance, que notre esprit puisse se sentir en inadéquation face à l'idéal dans le peu qu'on lui permet d'accéssibilité à l'action, la démonstration que l'homme est soumis à l'activité de son analyse sur le monde et son espace de liberté tout en étant l'otage des autres comme des valeurs institutionnelles d'un système donné, tout cela est cause, conséquence et explications de l'absence de responsabilité dans notre monde, ce nonobstant même la fin du sacré.

C'est parce qu'il y a absence de sens qu'il éprouve le besoin de « figurer » dans l'action, de partir comme un archéologue à la quête, aux fouilles d'une volonté de savoir, l'action le conduisant inexorablement à OSER, à prendre le pas sur la peur (quelle qu'elle soit), à nier le préalable et l'éventualité en s'assurant par l'expérience que la théorie lui a permis d'établir « DES ALTERNATIVES » avant d'enclencher la projection d'une action tout en se protégeant.

En fait, dire que la responsabilité a (aurait) une symbolique ce serait comme dire qu'elle a une direction, une cible à atteindre. Toujours coupables de nos actes sans jamais en être les victimes malgrè le fait que la présomption d'innocence puisse planer sur nos têtes. Mais enfin mes B A F, l'individu qui instrumentalise une intention de sens, décide Ipso Facto d'induire une erreur de traduction, de compréhension dans la langage et d'assumer le tort qu'il peut causer à son entité, contraire ou pas.

C'est assez étrange de constater que la responsabilité puisse induire une telle connotation d'acte très prononcé, tandis qu'en y pensant murement elle appartient bien plus à la notion de valeur. On y rapporte sans cesse son affect, son intellect, sa spiritualité, sa sensiblerie même et du rapport de son soi à l'élément concerné.

Est ce qu'être responsable c'est être raisonnable ou raisonné ? Est ce pratiquer la raison pure ou la raison sur ordre ? Est ce un équilibre ? Est ce que la symbolique est forcément dans le sens ? Est ce que si je m'impose inflexible, anticonformiste, anarchiste, nihiliste, communiste, fasciste, droitiste ou simplement libéral et démocratique, ce face au monde et aux autres, j'en oubli pour autant que je suis responsable de ce que je VEHICULE de l'ensemble de mon être ? Est ce que c'est pour autant un non engagement et un refus du déterminisme de mes actes ?

Il faut avouer que même dans ce sujet, certaines lumières m'échappent forcément et que je continue à chercher...

Dans une brève conclusions de ces idées en vrac, une dominance est restée le long de cet étalage.

Trouver du sens dans le refus de l'ignorance, dans la confiance établis dans le progrès, dans l'avancée humaniste et l'équilibre de l'autre et du monde, dans la conception de la bienveillance et du respect, la volonté de penser puis d'agir en prenant soin de la représentation de ses idées au travers des actes et en considérant que l'autre n'est pas dans la valeur similaire de mesure et de tolérance, jusqu'à apprécier la façon d'enraciner l'exposition au risque et la stratégie de son assurance sur l'échange. Que ressort-il de cet état de responsabilité ?

Ce qui ressort c'est « l'Enjeu ». Nous nous sentons tous sur la « bascule » lorsque nous conversons, lorsque nous commettons la finalité de nos convictions ou l'opposition calculée de nos agissements.

Nous sommes dans l'admission et l'auto-justification (puisqu'on parle de symbolique, il ne faut pas que je l'oubli et que je m'éloigne du sujet); dans l'étau de l'immanence d'un sentiment de certitude sur la possibilité et l'éventualité fragile de son incohérence.

Toutefois, c'est l'incohérence qui tend à nous apprendre que nous sommes toujours en manque de fondements et de demies-teintes argumentaires,et qu'en imprimant avec courage et acceptation l'expression du sens qui nous ait propre, nous visons à constituer et établir par le développement de l'expérience et le cumul des situations un schéma plus large et plus précis pour consentir aux actions qui s'imposeront à nous ..

Ce que je trouve anormal en revanche, c'est que dans la responsabilité de chacun, (il faut être juste et vrai), nous cherchons un absolu de verité, mais chacun vise toujours à s'épargner ou épargner l'autre. Je crains bien en fait que nous ne soyons si purement responsable comme la notion philosophique voire ontologique ne le prédestine...

Je pense même que la symbolique de la responsabilité est réalisable mais utopiste (au plan universel s'entend) car elle remettrait en cause cet ambulant comportementalisme de base, (livres sur le meilleur vivre, positivisme, para psychologies...regardez à la fnac mes B A F le nombre d'ouvrages ou n'importe qui s'octroie le titre de pseudo gourou, guerriseur de la psyché et pseudo guide de la pensée), voire même endoctrinement des schémas de pensées et des codes, des règles pré établies quant à l'ATTITUDE à ADOPTER pour conforter et assurer l'intégration de l'individu dans le soi disant « BIEN PENSANT ET BIEN AGISSANT » ! Petit troupeau de moutons avancez, abreuvez vous de ce que je vous tiens pour connaissance et vous aurez des signes et des marques de récompenses ! Mais où sont elles ?

Nous pouvons faire l'éloge de la responsabilité ou la dénigrer, peu importe à vrai dire, mais je constate simplement que ceux qui rentrent dans le moule ne sont pas pour autant récompensé, que la permission du choix est un risque permanent ou l'on est exclu du moule qui se veut formateur (soit disant formateur) si le choix n'est pas « correct », c'est à dire non pas vrai (c'est terriblemen risible), mais conforme à la norme; au moins pire à la doctrine établie, au bien pire au dogme régnant !

Alors je réfute peut être un peu à la hate l'idée de responsabilité au plan universel, (après tout notre objectif ultime n'est -il pas utopiquement que tous les Hommes se comportent en vrais Maçons), mais je consens et j'agrée la donne de sens, d'orientation libertaire que les hommes peuvent impliquer sans craindre le coup de baton ni attendre une récompense de leur fidélité aux autres et à ce qu'on attends d'eux. Je suis convaincu que le sens n'est et ne sera présent que lorsque la société aura muté, lorsqu'elle aura compris qu'on ne prédestine pas la conscience d'une pertinence à l'existence de l'autre au travers de ses pensées et de ses actes; mais qu'au dessus de l'echange il est nécessaire d'inculquer le pouvoir et le poids en tout lieu, que la responsabilité n'est pas une simple valeur ni un simple but, confondu par le regard dans l'interface de l'univers; mais un comme je l'ai déjà mentionné un état. Oublier cela, à mon sens c'est oublier qu'il doit y avoir un sens, et que le sens de la responsabilité peut aussi passer par son irresponsabilité évidemment.

Je ne pense pas (et je l'ai déjà dit) qu'être dans la symbolique du responsable tel qu'on nous l'inculque soit la plus harmonieuse et la plus explicite quant au sens de l'Homme dans le gage de l'idée de l'autonomie. Peut être faudrait-il pour cela être seul mais, face à soi même, nous sommes en duel, toujours. La liberté (au sens pluriel) ne peut pas se tenir à un polissage des aspérités intrinsèques de l'Homme, de son engagement à lui même, car s'il est doté de l'intelligence du sens, il a le droit de donner du sens à la vie sans ôter la vie de son sens ! C'est même un devoir ! (Ne pas tuer, ne pas violer, ne pas torturer, ne pas voler, etc, etc) L'oublier, en ce domaine, c'est mourir, véritable révolution temporelle nous ramenant à l'âge de pierre, innexorablement, phénomène que l'on constate en période de décadence, ledit phénomène étant (jusqu'à présent) toujours stoppé avant le point de non retour, par le balancier produisant la contre mesure du renouveau.

Mais, mes B A F, combien de massacreurs barbares et inhumains, depuis l'aube de l'humanité, ont été sacrés Héros car directement responsables de ces merveilleux hauts faits d'armes ? Et cela continue tous les jours et sous nos yeux !

Je pense plutôt l'Homme apte à se diriger, sous condition et sous couvert de vraies valeurs non dogmatiques et surtout non idéologiques, mais valeurs inaliénables, inaltérables, librement établies, reconnues, approuvées et partagées. Dans ce cadre, la responsabilité actuelle et profane n'est substantiellement qu'un prétexte (peut être) à la discipline et à l'uniformité de la gestion des autres, pour se permettre plus de liberté à soi (« plus pour moi, moins pour le voisin », noeud gordien ou s'entrechoquent les incohérences, là où le catégoriel s'oppose à la légitimité des Universaux, où le communautaire se dresse contre la Communauté), prétexte aussi à la métamorphose de ses idées jusqu'au pôle de son sens premier, mais pas forcément le plus louable, comme nous pouvons le constater tristement quotidiennement ! C'est très clair dans le passé, le présent et malheureusement l'avenir je le crains.

Vue de cette manière, la responsabilité peut s'avérer dangereuse, puisqu'elle peut conduire à une sorte d'intégrisme et de désordre barbare chaotique plus ou moins permanent, la donne ne changeant qu'en fonction de la puissance dominante du moment imposant ses valeurs, donc (et dont) sa notion, son « éthique » (SIC) de la responsabilité.

Gustave Le Bon écrivait que la ou règne l'Anarchie, la responsabilité est absente. Certes, nous ne pouvons qu'approuver et j'ai même ajouté tout à l'heure que je n'y voyais guère de libertés (l'inverse étant également vrai), mais encore faudrait-il que la responsabilité brille et conserve son aura, son intégrité absolue, et ne soit pas dévoyée et noyée dans la « novlangue » de l'horreur, au seul service d'intérêts particuliers au mieux douteux.

Cet « état de responsabilité » dont je parlais, nous le possédons ici, il nous conduit à l'Egregore et nous le pratiquons aussi au sein de notre autre domaine sacré, celui de nos familles, comme nous l'exportons en direction du monde profane, car cette responsabilité nous la vivons, nous la ressentons, nous la grandissons par la volonté de travailler sur nous mêmes, mais surtout par la force de notre amour.

Notre vaillance provient « Ab Imo Pectore », c'est à dire du fond du cœur ! C'est à mon sens encore le meilleur endroit pour espérer trouver la sérénité dans l'état de responsabilité, car si « le cœur a ses raisons que la raison ignore », il ne nous en rappelle pas moins à nos priorités. Cette lumière qu'on appelle conscience (avec qui on tente toujours de s'arranger, c'est tellement humain de ne jamais reconnaître une erreur, voir le comportement desdits intellectuels ayant soutenu les pires tyrans, les pires atrocités et les pires idéologies), cette petite bougie sur laquelle certains soufflent pour l'asphyxier des plus belles raisons du monde, au final et jusqu'à l'Orient Eternel, elle ne s'éteint jamais malgré sa douceur, sa parfois cruelle (pour certains) mais toujours tendre douceur pour celui qui se veut sage pratiquant de la responsabilité dans la conduite de sa vie comme dans ses quêtes.

Au RER, la Loge est définit comme « l'asile de la plus douce amitié ». Aussi je me contenterai de rappeler cet adage symbolique et sublime : « L'amitié est toujours une douce responsabilité, jamais une opportunité » ! L'Homme sage, l'Initié, celui qui traduira son parcours avec Sagesse, Force et Beauté, le tout de façon naturelle, c'est à dire non forcée, celui-ci utilisera toujours la douceur pour parvenir à la grandeur. Il sera alors à l'état de pure responsabilité...


J'ai dit.


Le F PL



-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-



over-blog.com